THEATRE DEMODOCOS

ARISTOPHANE

LES GRENOUILLES


Mise en scène : Philippe Brunet
Traduction : Sylvie Brunet
Musique : Stéphane Vilar

Décor : Emmanuel Collin
Costumes : Sylvie Lebahan
Masques antiques : Christina Uribe
Lumières : Bastien Gérard
Collaboration artistique :
Direction d'acteurs : Philippe Naud
Direction chœur : Laetitia Latil

Avec Claude Rochet (DIONYSOS), Antoine Coutou (XANTHIAS, PLUTON), Guillaume Boussard (CHARON, ESCHYLE), Pierre Coppin (MORT, EURIPIDE), Pierre-Yves Testenoire (HERACLES, SERVITEUR DE PLUTON), Cédric Grimoin (Pluton)

CHOEUR: Cécile Carré, Jade Collet, Véronique Faux, Nathalie Geindrot, Magali Hubert, Maud Lafon, Caroline Le Pape, Anne Veyrier du Muraud, Axelle du Port de Pontcharra, Marion Weber, et les enfants Lucien, Lucas et Gaspard
Version réduite présentée à Avignon : choeur de cinq personnes (Cécile Carré, Jade Collet, Caroline Le Pape, Axelle du Port de Pontcharra, Magali Thiollière); avec la participation de l'enfant Gaspard


Présentation
XANTHIAS
..Ni que, ployant sous le poids d'un tel fardeau, je vais,
Si l'on ne m'en décharge pas, lâcher un pet ?

DIONYSOS
Pas ça ! je t'en supplie ! tu veux me voir vomir ?

XANTHIAS
Alors, pourquoi je dois me coltiner tout ça,
Si je ne peux rien faire de ce qu'on fait toujours
Chez Ionesco, Beckett ou Brecht, chaque fois qu'on joue
Le porte-valise dans une de leurs comédies ?

DIONYSOS
Epargne-moi cela ! Si par malheur, je vois
Au théâtre des subtilités dans ce goût-là,
Tu peux parier que j'en sors vieilli d'un an au moins !

A la recherche d'Aristophane

Le Théâtre Démodocos, après les Perses, l'Iliade et Circé, monte la comédie du vieil Aristophane. En 405, peu après la mort d'Euripide et celle de Sophocle, Aristophane envoie Dionysos aux enfers en quête d'un bon poète tragique, car tous les bons sont morts. Mais il faudra traverser le marais des Grenouilles, horribles créatures visqueuses qui pratiquent le ressassement beckettien.

Voulant s'arrêter, ne pouvant s'arrêter, cherchant pourquoi, pourquoi se besoin de parler...

chantent les Grenouilles... Dionysos parviendra-t-il à se dégager de l'étau contemporain pour atteindre sans encombre le pays des vrais Initiés, ceux qui chantent en grec ancien ? Deux candidats devront s'affronter, sans ménagement, Eschyle le poète viril des Perses et de l'Orestie, Euripide, le poète raffiné des Phèdre et autres Médée !

Une comédie nostalgique de la grande tragédie et de l'ancienne comédie à choeurs d'animaux, reconstituée et adaptée sans qu'Aristophane perde rien de sa verve : un grand coup de balai dans les chaises, les valises, les coassements et autres scénographies d'après-guerre... Une traduction nouvelle, rythmée sous la contrainte du mètre, ivre de liberté, libre d'adapter les références pour les faire exister dans l'éternel présent de la comédie ancienne, qui était truffée d'allusions aux contemporains.

La comédie ne peut s'empêcher de se mêler de tout et notamment de littérature, de politique, de sexe, de bouffe; le corps comique exulte dans le langage et dans le jeu théâtral. Le possible devient réel, le réel, bouffon. Les grands archétypes du comique se constituent une fois pour toutes. Xanthias annonce Sganarelle. Dionysos semble seul ; ce serait ignorer son double tragique dans les Bacchantes d'Euripide, et la mystérieuse complicité qui unissent le poète tragique et le poète comique. Dionysos n'a pas de successeur hormis le théâtre lui-même. S'il soutient Eschyle et la grande tradition tragique, il est rempli d'admiration pour l'esprit novateur d'Euripide, pour son sens du pathétique à fleur de peau.

Les Grenouilles: annonçant la fin prochaine du théâtre, Aristophane nous donne le goût et l'espoir de remonter aux époques anciennes, fondatrices de cet art mystérieux, celui de la représentation devant un public. Avec audace, l'équipe du théâtre Démodocos, qui avait présenté les Perses d'Eschyle à Avignon en 2002, relève le défi de la comédie, assume la contradiction de l'Antique et du Contemporain, transpose l'Instant comique d'hier pour aujourd'hui, crée des masques antiques et rend les enjeux esthétiques de l'Athènes du Ve siècle aptes à former un nouveau public criard, réactif, et coassant, cela va sans dire...

L'instant comique, de - 405 à + 2003

Le spectacle des Grenouilles d'Aristophane a été monté dans un cadre mi-universitaire, mi-professionnel. Philippe BRUNET, metteur en scène, est professeur de grec ancien à l'université de Rouen; il a créé en 1995 le Théâtre Démodocos pour faire collaborer des artistes, des enseignants, des étudiants, en réunissant les efforts des universités Paris IV-Sorbonne, Tours et Rouen. Spécialiste de la poésie et du théâtre grec, il cherche à réhabiliter les formes classiques. Cette expérience de "Nouveau Théâtre Antique" a reçu le soutien du Ministère de l'Education Nationale en 2001 et 2002 (J. Lang, Luc Ferry). Jusqu'à 2003, mis à part le spectacle satyrique Circé, la compagnie s'est surtout attachée à monter la tragédie. Mais comment exalter l'instant comique des Grecs? D'où l'idée de créer les Grenouilles, comédie qui met en scène les poètes tragiques Eschyle et Euripide sur fond de crise du théâtre contemporain.

L'ambition était d'offrir un spectacle qui se rapproche au plus près de la comédie telle qu'elle pouvait être vue dans l'Antiquité:
- restitution du rythme du vers grec dans la traduction française
- restitution du rythme et des pas dans les chants, dits en français et en grec ancien
- restitution du personnage antique par la réalisation de masques
Mais ce travail de reconstitution archéologique s'allie à une recherche résolument actuelle qui fasse de la comédie antique une source de connaissance et un plaisir total. C'est ainsi que tous les noms antiques (personnages politiques, militaires, sportifs, littéraires) qui étaient devenus incompréhensibles pour le public d'aujourd'hui ont été transposés dans notre réalité.

La traduction de Sylvie BRUNET est rythmée selon le rythme du grec, avec une prosodie assez souple pour permettre d'employer toutes les ressources du langage parlé d'aujourd'hui. Sylvie Brunet, qui a publié quatre romans et des essais sur la langue française contemporaine, a travaillé en collaboration avec Philippe Brunet. Une fois le texte rigoureusement traduit et rythmiquement transposé, le choix d'adapter s'est fait assez vite, car il fallait actualiser les références.
Le choix de la mise en scène, visant à transposer les Grenouilles pour le public d'aujourd'hui sans rien perdre de l'enjeu de la pièce antique, réclamait un texte qui ait une prise sur le présent. Le choix fut assez vite fait d'un ancrage dans la réalité scénographique du théâtre absurde d'après-guerre. C'est de là que nous partons, et c'est de ce monde que Xanthias et Dionysos, en traversant le fleuve des enfers, doivent s'affranchir. Aussi la voix bruyante et scatologique des Grenouilles a-t-elle puisé dans le répertoire contemporain. On reconnaîtra dans la parodie un hommage paradoxal à Samuel BECKETT(extrait de l'Innommable, paru aux éd. de Minuit):
Voulant s'arrêter, ne pouvant s'arrêter, cherchant pourquoi. pourquoi ce besoin de parler. Brekebeckett, coax, coax.!!
A peine débarrassés de ces horripilantes grenouilles et parvenus aux portes de Pluton, Dionysos et Xanthias rencontrent un nouveau choeur, celui des Initiés: doté de masques dionysiaques, de ménades, satyres et silènes, pourrait-il chanter autrement qu'en grec ancien, selon la manière à laquelle nous a accoutumé le Théâtre Démodocos, avec ses chours d'Homère, d'Orphée, et d'Eschyle (Orestie, Perses)? Ce choeur des Initiés ressemble étrangement à un choeur démodocien.
Pour la composition de la musique, Philippe Brunet a fait appel à Stéphane VILAR, qui a manifesté la même ardeur pour rendre la voix musicale des pétaradantes Grenouilles que pour les inflexions savantes et sensuelles de la voix grecque des Initiés. Ne se contentant pas de rendre une musique à Aristophane (dans le grec ancien et dans le français), Stéphane Vilar a aussi prêté son concours à Euripide et Eschyle, dans leur concours poétique et musical. Chemin faisant, le public qui a suivi le parcours du Théâtre Démodocos reconnaîtra çà et là des mélodies extraites d'autres spectacles du théâtre, Orestie (musique de François Cam) ou Perses (musique de Jean-Baptiste Apéré).
Philippe NAUD, metteur en scène, et coach de la troupe pour ce spectacle, a assuré l'entraînement et la direction des acteurs. Le travail de choeur s'est effectué avec l'aide de Laetitia LATIL, comédienne de la troupe.

Pour rendre plus évidente encore la place que le Théâtre Démodocos fait à la langue grecque et à l'esprit du théâtre antique, un travail important de masques a été demandé à Christina URIBE, chargée de sculpter des masques directement inspirés de l'Antique. Emmanuel COLLIN a réalisé de petits décors mobiles avec finesse et un grand sens de la tradition antique, et Sylvie LEBAHAN a la responsabilité d'habiller les personnages antiques avec des matériaux d'aujourd'hui, et de montrer comment le comique, à tout instant, naît de cette confrontation.



Calendrier
- A Paris, au Théâtre du Nord Ouest 13 rue du Faubourg Montmartre Paris IX (01 47 70 32 75)
- Dans le cadre de la saison de Jean-Luc Jeener : La mort et le Passage
vendredi 9 janvier 2004, 19h : Les Grenouilles
samedi 10 janvier, 17h : Les Grenouilles
samedi 17 janvier, 14h30 : Les Grenouilles
vendredi 23 janvier, 20h45 : Les Grenouilles
samedi 24 janvier, 14h30 : Les Grenouilles
samedi 31 janvier, 14h30 : Les Grenouilles
dimanche 1er février, 14h30 : Les Grenouilles
samedi 7 février, 14h30 : Les Grenouilles
dimanche 8 février, 14h30 : Les Grenouilles
vendredi 13 février, 19h : Les Grenouilles
dimanche 15 février, 14h30 : Les Grenouilles
jeudi 19 février, 19h : Les Grenouilles
samedi 21 février, 19h : Les Grenouilles
vendredi 27 février, 19h : Les Grenouilles
mercredi 3 mars, 20h45 : Les Grenouilles
dimanche 14 mars, 14h30 : Les Grenouilles

Reprise au Théâtre du Nord Ouest,
du 7 avril au 13 juin : Grenouilles,

Historique :
12 mars 2003, 20h30, Sorbonne, salle Louis Liard : lecture des Grenouilles
28 mars 2003, 20h30, Rouen, Maison de l'Université : mise en espace des Grenouilles
3 mai 2003, 20h30, Tours, Festival de théâtre antique en V.O. : première des Grenouilles
17 mai 2003, 20h30 : Paris, Grand amphithéâtre de la Sorbonne.
6 juillet 2003, 20h30 : Vaison-la-Romaine, Théâtre du Nymphée
9 juillet-31 juillet 2003 : Avignon, festival off, Théâtre de la Condition des Soies, 20h30, 14 et 10 €
(res.04 32 74 16 49; rens. 06 87 35 57 71)
12 décembre 2003: Paris, Grand amphithéâtre de la Sorbonne.
Projet :
15 juin 2004 : Athène, festival du Pirée


Voir :
-Présentation succinte du spectacle des GRENOUILLES - Réservations
-Programmation
-Les commentaires
-Photos du spectacle
-Images du spectacle 2003
-Photos du décor

-Site Programme d'Avignon - - www.hadrien2000.com


Pour voir l'affiche des "Grenouilles" (17 mai 2003) cliquez sur l'icone : -
L'affiche des Grenouilles

Association Démodocos. 5 rue Frochot 750O9 Paris, tel: 01 45 26 49 10, fax: 01 48 74 11 33
N°Siret 433 702 586 000 10 APE 913E
Paru au J.O n°011(1995)

Chorèges:

Ministère de la Jeunesse, de l'Education Nationale et de la Recherche
Les Universités Paris IV-Sorbonne, Rouen, Tours
Le CROUS de Paris
Le Conseil Général d'Indre et Loire

Partenaires:

Les associations Démodocos Tours, Démodocos Rouen
L'association Hadrien 2000 (Vaison-la-Romaine)

Remerciements:

M. Maronitis, de l'UNESCO, club du Pirée et des îles
M. Migoubert, Festival en Sorbonne
Mme Blazy-Bastide, Semaine de Théâtre Antique ( Vaison-la-Romaine)
M. Gérard, initiateur du Festival de Théâtre Antique en V.O. (Tours)
M. Bernardin, créateur du Fil d'Ariane (Bourges)

Mis à jour le 14/06/2006>